Kiran KATARA est née à Bruxelles où elle vit et travaille. Elle est d’origine indienne et entretient des liens familiaux et professionnels à Mumbai.
Architecte, elle reprend des études de dessin et peinture en 1997. Son travail se construit autour de problématiques liées à l’écriture et au dessin de l’écriture. Sa pratique accorde une grande importance au support et à l’économie de moyens avec un amour profond de la couleur noire. Le dessin est pour elle un outil de pensée.
Elle entame en 1997 un travail sur la ligne horizontale. Ses fusains sur toile, de grande taille, sont alors des organisations aux équilibres mathématiques intuitifs, posés-soufflés-gommés questionnant l’arrivée de la machine dans le monde du dessin.
Depuis les années 2000, elle travaille des séries qui vont donner lieu à une recherche dessinée sur papier : « la poésie sans mots ». L’artiste cherche la poétique hors le sème, la pensée hors les mots. Pour l’éminent sinologue français Léon Vandermeersch, Kiran Katara produit des graphèmes, c’est-à-dire des traits composés de telle manière que l’écriture semble encore à l’œuvre sans pour autant nous donner l’occasion de déchiffrer des significations exactes, et montrent que l’écrit a encore quelque chose à révéler en dehors de l’oralité et de la lisibilité ordinaire.
En 2017, les lignes, devenues points, ont progressivement donné lieu à des assemblages cartographiques « poéysages » (hors dimensions et orientations) puis encyclopédiques par l’apparition de figures (comme critique du classement). Consciencieusement, l’artiste, dans sa recherche recrée le monde en le recomposant, le restructurant, le réaménageant. Il y a dans sa nomenclature une articulation se développant au fil des planches selon des séquences, variations, enchaînements, digressions, déclinaisons. Il s’agit en somme de proposer une nouvelle fiction pour un texte-image articulé par des traits illisibles et indéchiffrables.
La série « Murmuration » 2022-23, convoque tension des espaces intervallaires, agrandissements, voisinages et réorganisations. Il est question d’élévation et de chute, de sens inverse, de continu-discontinu, de lectures multiples et changeantes. Écrire-dessiner, c’est tracer ce qui nous arrive ici/ maintenant et qui advient ou surgit de la manière la plus authentique et spontanée possible. L’artiste continue à s’interroger sur les fondements premiers du dessin.
Ses thèmes de recherche dessinée actuels sont l’agrandissement et la transparence. Nature” tranquille” et géante. Voir exposition “Oxymores” en cours.
Kiran KATARA est chargée de cours (Dessin et Projet d’architecture) à la Faculté d’architecture La Cambre Horta de l’ULB. Elle est co-fondatrice de l’asbl ODRADEK Résidence donnant place à de nombreux artistes belges et étrangers autour de questions liant écriture et dessin.