NOCTURNE 2005

Nocturne, 2000

Notes à propos de l’un de mes travaux, J.E. SCHWARTZ.

Quelques notes au départ d’un tableau de Kiran Katara.

« Nocturnes »- toile préparée – encre synthétique – 80 cm x 80 – 2000

  • La peintre nous a déposé son tableau.

Geste généreux et de confiance.  Offrande aussi aux autres regards.

  • Le tableau est assez grand.Je l’ai déposé au pied de la bibliothèque précisément consacrée à l’art.

La pièce est vaste, éclairée par de grandes fenêtres et par une porte de balcon également vitrée.

La peintre a trouvé le tableau naturellement bien éclairé.

Pendant une bonne quinzaine, nous avons pu le regarder au gré de la vie quotidienne.  Du simple regard passant à un regard plus soutenu.

Comme il y a de la musique de chambre – nous avons pu en faire l’expérience en recevant dans cette grande pièce de la maison familiale un quatuor à cordes – il y a de la peinture de chambre, plusieurs tableaux sont accrochés à la cimaise.

Ecoute et regard dans l’intimité de l’habiter et avec ses proches.

Quel plaisir subtil et rare.

  • Première approche du tableau en sa matérialité mate et légère, probablement due à l’encre employée.

Comme c’est quand même un assez grand tableau, je trouve qu’il a sa place au sol !

  • Impression nette : « La peinture a son poids de peinture.»Hubert Damisch

Constat qui dit déjà tout.

Critère encore vague, mais pertinent, je crois.

  • Deuxième approche : le tableau, bien sûr, montre, mais ce qu’il montre est « abstrait » -la contradiction n’est qu’apparente – dans le sens où les figures ne viennent pas, ne renvoient pas au réel. (le monde) Du moins directement.

« Abstrait –tiré hors de…la vision du peintre.  Vision qui se crée en peignant ou issue de son monde intérieur ?  C’est au peintre de le dire.

Analogie possible…je pense à certains tableaux de Braque.

  • Surface peinte, monothématisme – qualification assez lourde mais quand elle est attribuée aux variations Goldberg de J.S.Bach, la qualification prend de l’ampleur, de la légèreté.

  • La tonalité quasi monochrome joue sur trois variantes ; du blanc, du noir et du gris ; ou du gris, du noir et du blanc.C’est le champ du gris qui l’emporte par ses variations de ton (modulation).

Gris prépondérant – entre le blanc et le noir.  Couleur qui semble frottée – la peintre me dit qu’elle a utilisé un assez gros pinceau aux poils rudes.  J’avais pensé à un tampon !

Au regard de recevoir ces variations de ton (gris) cernées dans de multiples rectangles qui posent la latéralité, une latéralité en de légers mouvements de translation – mouvement…

En contraste (en juxtaposition) une série plus restreinte de blancs nourris par le blanc de préparation de la toile, d’où une autre texture, plus dure ; les noirs sont moins prédominants, plus dispersés – disséminés.  Il me semble que c’est dans la zone du gris que s’exprime le plus pleinement la pensée picturale.

  • J’ose une interprétation certes abrupte mais que je ressens très fortement.« Entre le blanc et le noir, il n’y a que le gris qui soit humain ; » Romain Gary ;

  • Quelques mots susceptibles d’ouvrir des pistes de regard.

–     Variations

–     Traçage latéral et vertical ; mouvement

  • Translation de formes.
  • Nappage d’atmosphère
  • Texture douce
  • Tessiture légère – tissage

  • Un peu légèrement, j’avais relevé une sorte de traçage courbe.Puis j’ai pu repérer une vague ellipse située subtilement en deçà de la première texture.  Présence autre ; annonce d’une complexité peut-être !  Je trouve par après la photographie d’une aquarelle 25 cm X 25 dans laquelle une ellipse –ici forme tranchée, nette ;

Occurrence précieuse pour toute lecture.

2.1.      Reste le titre donné par la peintre.  « Nocturnes »

Penser à Chopin serait trop facile.

J’essaie quelques qualifications simplement proposées à la Jankélévitch.

Nocturne comme flou, fuyant, diffus, évasif…

Peut-être aussi pudique, nostalgique, modeste dans son dire ;

Jeu de sens suggéré ; à côté des formes et des couleurs ;

                                                                                                    Jean – Emmanuel Schwartz

                                                                                                    Bruxelles mars 2006