« Oxymores »
La série de dessins que je présente ici constitue l’occasion de mettre en tension et en évidence ce qui dans mon travail constitue des invariants : la couleur noire, la matière mate du dessin, l’économie de matière, le jeu, le surgissement poétique. Jusqu’à ce jour j’ai travaillé la figure mathématique, le dessin de l’écriture, la poésie abstraite. Ici je taquine la figuration, ce ne sont pour moi que des outils de pensée. J’aime montrer le processus. Je cherche.
J’explore le thème de la transparence. Le verre, matière ou objet, les deux.
Par oxymores, variations, itérations, glissements, séries, miroirs, reflets ; regarder. Les peintures-dessins visent la complexité autant que le calme ; une atmosphère silencieuse. Je représente la transparence en utilisant une encre opaque, l’huile, la cire, je travaille le plus souvent (pas de règle absolue, des exceptions) sans eau.
Les reflets inversent le monde et troublent l’observateur, ils questionnent notre rapport au réel et à l’illusoire ; la vision est kaléidoscopique et fractale. Ils nous montrent avec humour des « sens dessus-dessous », des paysages inversés ou notre propre image en jouant de réserves et d’apparitions. Ici, point de réalisme parfait. L’agrandissement n’offre pas de vision plus claire, il faut au contraire s’éloigner pour « voir » quelque chose. La matière de la peinture, mate (absorbante) et la dimension nous attirent dans le dessin nous invitant à devenir acteurs mais tout petits comme Alice au pays des merveilles, nous sommes confrontés à l’absurde, au paradoxe et au bizarre, au flou.
Les sauts d’échelle et la variation de la hauteur du regard changent notre point de vue. Les contenants choisis (verres, vases, flacons…), les contenus (liquides, solides…), sont des objets de mon quotidien, saisis sur le vif, pris dans l’urgence de peindre. Agrandis ils deviennent matrice-réceptacle. Ils nous rappellent qu’en dehors de leur fonction pratique, ils ont une fonction primordiale qui est celle de l’imaginaire (Baudrillard).